Rédigé par Céline de Hund
Tous les chiots mordillent, ce n’est pas une mauvaise habitude, une mauvaise éducation mais au contraire le signe d’un développement normal. Le mordillement permet d’obtenir des interactions mais également de découvrir la texture, le goût, la température, … C’est donc une méthode d’exploration qui finit, petit à petit, par se dissiper au profit d’autres méthodes comme l’emploi de la vue, de l’odorat ou encore de l’ouïe. Les sens du chiot ne se développent pas tous en même temps d’une façon uniforme et il va lui falloir un peu de pratique.
Nous avons souvent peur que ces mordillements se poursuivent et se dégradent avec le temps pour devenir une franche agressivité avec la force d’un chien adulte. C’est d’autant plus compréhensible quand les mordillements accompagnent un jeu avec beaucoup d’excitation et parfois, quelques grognements. C’est néanmoins une peur infondée.
Si l’humain n’intervient pas, si l’on n’éduque pas le chiot concernant les mordillements, alors ils disparaissent tout seul, lentement, au fil des mois. Seulement, les petites dents pointues ça pique, ça fait mal, parfois ça déchire les habits et on est souvent pressé que ça cesse alors nous allons voir différentes méthodes potentielles pour intervenir ou au moins, pour ne pas empirer involontairement la situation.
- anticiper – capture du calme
- anticiper – remplir les besoins
- anticiper – offrir une nouvelle compétence
- agir après coup – ignorer puis s’occuper de lui
- agir après coup – faire des retours au calme
1. anticiper – capture du calme
Lorsque le chiot arrive vers nous, même si on anticipe un comportement indésirable, son action est encore tout à fait correcte à priori. On peut donc se permettre de la récompenser pour la saisir et la conserver. Il est intéressant d’employer un marqueur « oui » afin de ne pas laisser ce moment fugace passer, puis juste après le « oui », donner un jouet (et jouer réellement avec lui avant de le lui laisser en activité de mastication pour faire redescendre l’excitation) ou des friandises qui peuvent être dispersées afin de créer un jeu de recherche ou encore un objet à mastiquer.
Si on vise les activités de mastications ce n’est pas simplement parce qu’il allait mordiller mais aussi et surtout parce que c’est une activité apaisante (même pour les adultes). Cela peut être remplacé par des activités liées à l’odorat ou par des tapis à lécher ou par encore d’autres activités. L’important c’est que cela ait une valeur de récompense, que cela dure assez longtemps pour lui faire penser à autre chose (afin qu’il ne mordille pas juste après) et que ce soit apaisant. Très souvent, on parvient à couper court, mais le chiot mordille quand même juste après, au plus vous choisirez une activité longue, au moins le problème sera présent.
Cette méthode est adaptée à énormément de profils différents mais elle particulièrement recommandée pour les chiots qui mordillent trop fort pour être ignorés. Notons qu’elle doit être réellement faites en anticipation (avant le comportement) et pas un peu après, sinon, elle pourrait lui apprendre à mordiller pour obtenir l’accès à ces activités sympas.
En bref : on observe – on réagit avant le comportement déplaisant – on le capture (Oui !) – on propose une activité longue et apaisante.
2. anticiper – remplir les besoins
Une autre manière d’anticiper peut-être de remplir les besoins du chiot. S’il n’a pas besoin de contact physique, d’attention, de jouer, … alors pourquoi nous mordiller ? Oui, il explore encore, mais ce pan là du comportement passera, donc on pourrait se concentrer sur les autres risques. En remplissant ses besoins on limite l’envie et pour cela, on peut anticiper. Il s’approche visiblement pour avoir un contact, mais on se doute qu’il va mordiller ? Alors, on va au contact sans lui laisser le temps de demander avec ses dents. Ici on cherchera vraiment à lui montrer que mordiller n’est pas nécessaire pour avoir ce qu’il désire.
Ce n’est pas la méthode la plus évidente, mais elle va être particulièrement intéressante sur un chiot qui a appris à demander en mordillant et en mordillant fort. Elle permet d’éviter de rentrer en conflit avec lui tout en déconstruisant l’habitude qu’il avait prise. Ici, on vise un véritable apaisement.
Suite à ce véritable contact où l’on a offert son attention complète à son chien, on peut à nouveau détourner vers une action longue.
En bref : on observe – on réagit avant le comportement déplaisant – on procure ce que le chien désire – on propose une activité longue et apaisante.
3. anticiper – offrir une nouvelle compétence
Parfois, capturer le calme est difficile (le chiot finit quand même par s’énerver) et on peut avoir du mal à comprendre ce que son chien désire… Alors il nous reste une autre possibilité qui est celle de l’acquisition de compétence.
Lorsqu’une envie quelconque arrive, il y a souvent plusieurs manières de la remplir. Par exemple si vous avez envie d’explorer près de chez vous, il y a sans doute plusieurs lieux intéressants mais dans chaque lieu, vous pouvez également décider d’une exploration précise. Dans votre propre maison, vous pouvez observer les détails de votre plafond (avec vos yeux donc) ou la texture de votre carrelage (avec vos mains) ou l’odeur de votre frigo (avec votre nez) … Ce sont des explorations particulièrement différentes.
Lorsque votre chiot désire attirer votre attention, quand il désire jouer, quand il désire un contact physique, … il peut vous mordiller. C’est une possibilité et à priori, ça marche. Mais on peut lui apprendre qu’il y a d’autres solutions.
Pour cela on peut simplement lui montrer qu’il obtient de l’attention, à coup sur ou presque, quand il a un jouet dans la gueule par exemple. Le but serait qu’à terme il puisse prendre un jouet pour demander de l’attention. Vous pouvez choisir n’importe quel comportement (précis) qui vous intéresse réellement et qui ne vous posera pas de problèmes s’il s’amplifie, ensuite, vous accordez l’attention lorsqu’il le fait et à force de répétition, il va apprendre.
Attention : réfléchissez réellement au long terme, vous appréciez que votre chien soit près de vous ? D’accord, mais une fois renforcé, il ne s’éloignera peut-être plus. Il convient souvent de trouver un équilibre et parfois de renforcer équitablement des actions contradictoires (être proche / s’éloigner, monter / descendre, …).
Ce qui est important à comprendre c’est que la communication entre votre chien et vous, c’est quelque chose qui se construit et vous pouvez avoir vos propres codes. Avec le temps, vous apprendrez à vous comprendre. Pensez juste à laisser la parole à votre chien !
Si votre chiot a appris à s’asseoir au milieu d’une pièce pour obtenir de l’attention, à poser un jouet contre votre cuisse pour lancer une partie de jeu et à s’approcher doucement avant de frotter sa tête sur vos mains pour avoir des caresses, alors il a de moins en moins de raisons de mordiller et en bonus, vous vous comprenez de mieux en mieux !
En bref : on observe – on capture des comportements alternatifs au mordillement.
Nous venons de voir trois possibilités en anticipation qui se basent donc surtout sur du renforcement positif. On augmente des comportements. Seulement, ce n’est pas toujours possible, on se fait parfois surprendre et donc mordiller. Nous allons donc voir ce qui peut se faire quand c’est déjà trop tard. Malheureusement, il va donc s’agir de méthodes punitives moins intéressantes que les méthodes en anticipation. Elles sont à utiliser avec parcimonie, même si vous allez voir que ce sont des punitions particulières (je vous déconseille l’emploi du « NON ! » et toute action physique visant à montrer au chien qu’il fait mal, ça ne ferait qu’abimer votre relation).
4. agir après coup – ignorer puis s’occuper de lui
Ignorer un chiot dont les petites dents sont en train de mastiquer notre mollet ou notre main, ce n’est pas évident du tout. Ca pique. Ca fait mal… et puis, ignorer, ça veut dire quoi ?
On fait comme si le chiot n’existait plus, on détourne le visage loin de lui (ce qui est un code de communication canine pour demander l’arrêt), on détourne également les épaules pour qu’elle ne soit plus dans sa direction, si c’est possible de détourner les hanches, on le fait également. On range ses mains pour éviter qu’elle ne soit prise pour cible en les glissant dans ses poches ou en les croisant sur ses côtes. Attention, à ne pas les lever, sinon, il pourrait être tenté de sauter pour les attraper ce qui pourrait faire très mal ! Ensuite, puisque nous sommes en train de l’ignorer, il est évident qu’on reste silencieux. Ainsi, en langage canin, la totalité de notre corps est en train de demander que cela cesse.
Pour les enfants (et les plus grands), la position complète la plus recommandée sera celle du « poireau » ou de la « statue » qui peut se faire contre un mur, un grillage, un arbre, … afin d’éviter de tomber si le chien vient à sauter ! La position du poireau.
Maintenant que nous en sommes là, nous avons vu la moitié de cette méthode et seulement une petite moitié. Nous avons appris à « ignorer », le chiot devrait donc comprendre que son comportement ne sert à rien, mais en plus, vous avez communiqué à la manière des chiens votre désaccord. Seulement voilà, votre chiot vient de s’arrêter (tôt ou tard) et il n’a aucune idée de ce qu’il faut faire pour obtenir ce qu’il veut. C’est là, qu’intervient la deuxième partie, celle qui va permettre un nouvel apprentissage.
C’est le moment de le regarder, de le caresser (s’il aime ça), de proposer du jeu, … Au début, c’est très frustrant pour le chiot qui aura juste tendance à insister et à mordiller plus fort (on appelle ça l’explosion du comportement). Mais c’est également très frustrant pour l’humain qui en récompensant risque de provoquer de nouveaux mordillements. C’est à force de pratique que le chiot et l’humain vont mieux se comprendre.
Le but sera d’avoir un bon timing :
- s’il y a mordillement – on ignore immédiatement
- si le mordillement cesse – on s’occupe de lui immédiatement
Attention, si jamais on commence par ignorer mais que ça fait trop mal, que ça va trop loin, qu’à cause de la frustration le chiot s’acharne juste trop… il ne faut pas craquer sous peine de lui apprendre à insister, à mordre plus fort. Au pire, on se glisse lentement jusqu’à une porte et on s’isole l’un de l’autre.
Si jamais on sait d’avance qu’on ne tiendra pas, qu’il mordille déjà trop fort ou simplement si on est mal à l’aise avec le fait de se laisser mordiller, alors il sera plus intéressant de faire de l’anticipation et directement des retours au calme sans tenter cette méthode. Par ailleurs, il est recommandé de la coupler à une ou plusieurs méthodes d’anticipations.
5. agir après coup – faire des retours au calme
Les retours au calme peuvent être très violents pour le chiot car nous allons le délaisser complètement et le laisser seul pour gérer ses émotions. C’est donc à réserver lorsque la situation dérape et qu’elle n’est pas gérable autrement.
Commençons par la forme la plus douce du retour au calme… On peut le faire dès qu’on voit que l’excitation grimpe, en soufflant, en lui parlant doucement, en ralentissant nos gestes, en tentant de rétablir le calme. Il ne faut pas hésiter à lui laisser l’accès à beaucoup de choses pour qu’il puisse décharger. Ces petits retours au calme peuvent éviter que la situation ne dérape mais pour que le chien ait une chance de réussir il faut commencer face à de toute petite montée d’excitation quand le chiot commence à peine à se transformer en crocodile.
Malheureusement, c’est parfois trop tard pour y aller en douceur, dans ces cas-là, il faudra retravailler sur notre lecture de la situation et sur notre anticipation pour ne pas en arriver une nouvelle fois à cette extrémité. Ça doit être considéré comme un « loupé », un échec et non, une méthode éducative, il s’agit uniquement d’une gestion dans une situation qui devient trop pénible. Pour faire le retour au calme, dans ce cadre, on va laisser le chiot seul dans une pièce avec de quoi s’occuper, des jouets, de quoi mâchonner, un coin sympa où dormir, … Bref, une pièce très accueillante et agréable pour lui, mais une pièce où nous ne sommes pas ou au moins, où il ne peut plus nous atteindre.
Si possible, on va éviter de le déplacer, il est plus intéressant de quitter la pièce et de fermer derrière nous (ou derrière lui s’il est passé le premier !) que de le porter alors qu’il s’énerve car il pourrait apprendre à craindre certaines manipulations et vous pourriez vous faire mal.
Dans cet espace où vous n’êtes pas accessible, son émotion va donc pouvoir s’extérioriser sur les jouets, les objets à mâcher et tout ce que l’on a pu mettre. Et tranquillement, lentement, elle va s’apaiser. Une fois que le calme est réellement réinstauré, on peut se permettre de nouveau de le capturer, en anticipation. Attention, si le chien ne supporte pas la solitude, cette méthode est simplement trop rude et on pourrait y préférer un détournement d’attention même tardif.
complètement. Par exemple : votre chiot mordille et vous allez avoir les copains de votre jeune enfant à la maison. Plusieurs enfants qui courent, chahutent, crient, … avec votre chiot, ça risque de ne pas être gérable. Alors mieux vaut l’isoler, préventivement, quitte à le sortir de temps à autre, sous surveillance, quand les enfants seront très calmes (et après leurs avoir donner les consignes sur comment faire avec le chiot). Ou encore il vaut mieux annoncer que vous ne pouvez pas les accueillir et que l’après-midi doit se faire ailleurs.
Dans tous les cas : relativisez, c’est un moment particulier à passer mais ça va aller !
Rédigé par Céline de Hund
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